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Pourquoi choisir l'auto-édition
Où nous analysons les différentes possibilités qui s'offrent à l'auteur qui cherche à publier son livre, en énumérant les avantages et les inconvénients de chacune
PUBLIER SON OUVRAGE
Valérie Van den Berge
8/11/20249 min read
Mon manuscrit finalisé, il est temps pour moi d’entreprendre les démarches en vue de sa publication. La grande aventure commence !
I. Trois choix s’offrent à moi
L’édition à compte d’éditeur
La façon la plus classique de publier son livre est de se mettre à la recherche d’un éditeur, qui prendra en charge tout le processus d’édition, de publication, de promotion et de distribution de l’ouvrage et assumera les frais qui en découlent.
L’édition à compte d’auteur
Elle est en tout point pareille à l’édition à compte d’éditeur, sauf que c’est l’auteur qui assume l’entièreté des frais découlant du processus d’édition. L’édition à compte d’auteur est assez peu répandue.
L’auto-édition
L’auto-édition est un choix de plus en plus fréquent. L’auteur assume tout le processus de publication de bout en bout, ainsi que tous les frais qui y sont liés. C’est donc lui qui édite l’ouvrage (mise en page, création de la couverture…), le fait imprimer et en assure la promotion et la distribution. Il fera appel à une plateforme d’auto-édition et choisira parmi différentes formules. L’auteur peut en effet déléguer certaines tâches à la maison d’auto-édition contre rémunération. Différentes plateformes d’auto-édition existent, dont les plus répandues sont BoD (Book en Demand), Bookelis, Librinova, Publishroom Factory, TheBookEdition et Lulu).
II. Quels sont les avantages de l’auto-édition ?
Un des intérêts majeurs à opter pour l’auto-édition est, à mon sens, d’échapper aux inconvénients que présente l’édition à compte d’éditeur ou d’auteur, à savoir :
A) Trouver un éditeur constitue un travail colossal, et par conséquent chronophage (comptez plusieurs mois) et énergivore. En effet, pour mettre toutes les chances de son côté, l’auteur doit :
rechercher sur internet toutes les maisons d’édition qu’il peut trouver ;
lire attentivement le site de chacune pour se faire une idée de la ligne éditoriale de la maison et vérifier que son ouvrage est aligné à celle-ci ;
analyser les différentes collections de la maison et identifier celle qui correspond à son ouvrage ;
lire un ou plusieurs livre(s) édité(s) par cette maison ;
rédiger une note détaillée à destination de l’éditeur ;
éventuellement se rendre aux salons du livre pour aller rencontrer les éditeurs qu’il a soigneusement sélectionnés et leur présenter son ouvrage ;
envoyer son manuscrit à toutes les maisons d’édition retenues ;
attendre patiemment (souvent deux à trois mois) la réponse de l’éditeur.
Si le manuscrit est accepté, il faudra encore compter de longs mois avant qu’il soit effectivement publié, surtout si la maison d’édition doit respecter un calendrier éditorial ou qu’elle veut éviter qu’un livre fasse de l’ombre à un autre.
B) Bien que le cas soit peu fréquent, il arrive que l’éditeur ne fasse aucun travail de promotion du livre, lequel passe complètement inaperçu et ne trouve aucun lecteur. Les auteurs confrontés à cette situation se retrouvent coincés.
III. Pourquoi ai-je opté pour l’auto-édition pour mon livre La Sexualité de transformation ?
Comme je l’ai dit, un des intérêts majeurs à opter pour l’auto-édition est d’échapper aux inconvénients que présente l’édition à compte d’éditeur ou d’auteur évoqués précédemment. Dans ma situation, les critères ayant joué un rôle déterminant pour mon choix sont les suivants.
La rapidité
Pour l’ouvrage La Sexualité de transformation, il était crucial que la publication soit rapide, c’est-à-dire que le processus d’édition se compte en semaines ou en (maximum cinq) mois. En effet, comme ce livre est en lien avec les cours de Tao que je propose, il faut qu’il soit disponible au plus vite pour mes élèves.
La tâche à fournir
Le travail colossal de recherche d’une maison d’édition m’a rebutée. J’avais beaucoup de projets sur le feu et peu de temps disponible. S’il m’avait fallu consacrer des semaines entières, probablement même des mois, à la recherche d’un éditeur, j’aurais été retardée dans mes autres activités, pour lesquelles j’avais des délais à respecter.
Les droits d’auteur
Les aspects légaux d’un contrat d’édition me sont assez flous. Je me posais beaucoup de questions : est-ce que je conserverais les droits d’auteur sur mon œuvre ? Est-ce que je conserverais un droit de décision sur l’exploitation de l’œuvre ? En d’autres termes, je me demandais à quel point mon texte appartiendrait davantage à la maison d’édition qu’à moi. Comme je ne savais pas où trouver de réponse et que j’avais peu d’énergie et de temps à y consacrer, cette incertitude a appuyé mon choix de me tourner vers l’auto-édition.
La liberté
L’auto-édition me procure beaucoup de plaisir, principalement celui de conserver un pouvoir de décision à toutes les étapes du processus, qu’il s’agisse du choix de la couverture, du type de papier, des dimensions et du format du livre (papier et/ou eBook), du prix de vente ou de la date de parution. Mon livre est mon projet bien à moi, et c’est une vraie chance.
La rémunération
La marge bénéficiaire par livre vendu est plus avantageuse quand on publie son livre soi-même. La plateforme d’auto-édition prélève certes une quote-part, mais moins importante que celle retenue par un éditeur.
Cela dit, il est fort probable que le livre se vende mieux s’il est publié par un éditeur. Celui-ci dispose en effet de beaucoup plus de moyens et de contacts pour faire la promotion du livre. Sans compter qu’un livre auto-édité inspire moins confiance aux lecteurs qu’un livre publié par une maison d’édition. Il faut aussi tenir compte du fait que l’auteur auto-édité devra d’abord rentrer dans ses frais avant que le gain dégagé par les ventes ne représente un réel bénéfice financier.
Si je prends mon exemple, pour récupérer l’argent investi dans la parution de mon ouvrage, il faudrait que je vende pas moins de 740 livres ! Il est vrai que j’ai choisi de donner priorité à la qualité de l’objet (nous reparlerons de ce point plus loin) et que j’ai par conséquent chargé la maison d’auto-édition d’effectuer une bonne partie du processus de publication, ce qui a évidemment un coût. Mon investissement dans ce projet s’élève à près de 1000 euros.
Avant d’engendrer un réel revenu, il faudra faire beaucoup de ventes ! Il est indéniable que j’écris surtout par passion et que je suis lucide sur la probabilité élevée que les bénéfices financiers soient nuls. Mais il m’importe davantage d’avoir la certitude de tenir très bientôt mon livre papier entre les mains - et de pouvoir en annoncer la parution à mes élèves et à mon entourage -, que de maximiser mes chances de gagner de l’argent avec cette activité.
IV. Un livre auto-édité est-il de moindre qualité ?
Label de qualité
Il n’y a pas de réponse correcte à cette question. Ce qui est clair, c’est qu’un livre publié par un éditeur bénéficie d’un certain label de qualité : il a été lu par des professionnels du métier et jugé digne d’être publié. Là où un livre affreusement mal écrit pourrait être publié en auto-édition, ce ne sera pas le cas par l’intermédiaire d’un éditeur. Le lecteur prend donc plus de risques en achetant un livre auto-édité car rien n’en garantit la qualité. Pour autant, ce serait une erreur de dénigrer tous les livres auto-édités. Il y en a de très bons, comme nous le verrons plus loin.
L’auteur qui opte pour l’auto-édition a tout intérêt à déléguer certaines étapes du processus de publication. Dans une maison d’édition, chacune des tâches est en effet effectuée par un professionnel en la matière : la couverture par un graphiste, la mise en page par un technicien, la relecture par des relecteurs expérimentés, la promotion par des personnes dont c’est la spécialité. Il faut être réaliste et ne pas minimiser la difficulté de ces tâches, qui requièrent toutes du savoir-faire. L’édition est un vrai métier ! Si la mise en page est mauvaise, si la couverture n’est pas attirante, la qualité du livre s’en ressent. Un texte excellent ne fait pas tout : il faut aussi considérer l’esthétique.
Chefs-d’œuvre refusés
Si l’on peut affirmer sans crainte qu’un mauvais manuscrit sera à tous les coups refusé par un éditeur, gardons-nous d’en faire un syllogisme. Il serait en effet erroné d’en conclure que tous les manuscrits refusés le sont en raison de leur piètre qualité.
Un très bon texte est parfois refusé par une maison d’édition pour d’autres motifs : un auteur qui publie pour la première fois inspire moins confiance, le manuscrit n’entre pas dans la ligne éditoriale de la maison, le timing est mauvais, le nombre de manuscrits envoyés est beaucoup trop important. Il est en effet impossible de publier tous les textes, même s’ils en valent la peine. À cet égard, iIl n’est pas rare qu’une maison d’édition accepte finalement un manuscrit qu’elle avait refusé quelques années plus tôt.
Nous connaissons tous ces auteurs qui ont été refusés par les maisons d’édition alors que leurs livres étaient des chefs-d ‘œuvres : Stephen King, Romain Gary, Amélie Nothomb, J.K. Rowling, Hemingway, Stefan Zweig, Céline, Proust et Virginia Wolf n’en sont que quelques exemples.
Quelques raisons de choisir l’auto-édition
L’auto-édition n’est pas forcément un choix par défaut pour les écrivains à qui toutes les maisons d’édition ont fermé la porte. Différentes raisons peuvent pousser un auteur à décider d’éditer son livre soi-même.
Une première raison souvent avancée concerne la liberté et le gain de rémunération dont j’ai parlé plus haut.
Autre motif pour les auteurs de se tourner vers l’auto-édition : l’envenimement des relations entre auteur et éditeur. Celles deviennent apparemment de plus en plus conflictuelles. Sur le site de Librinova, on peut lire ceci :
« Selon le baromètre des relations éditeurs/auteurs réalisé tous les trois ans par la Société civile des auteurs multimédia (Scam) et la Société des gens de lettres (SGDL), 31 % des auteurs et autrices déclarent avoir des relations non satisfaisantes, voire conflictuelles avec tous leurs éditeurs (+6 points par rapport à 2018) et un tiers également estime que cette relation s’est détériorée depuis trois ans. 52 % des sondés déclarent que leur situation financière s’est détériorée. Enfin, le manque de transparence des éditeurs (sur les chiffres de ventes, les cessions…) est souligné, de même que le sentiment d’abandon des auteurs. »
Des auteurs contemporains à succès, déjà édités à compte d’éditeur, se sont récemment tournés vers l’auto-édition. Pensons à Joël Dicker, Riad Sattouf, Eric Zemmour, ainsi qu’aux ouvrages 50 nuances de Grey et Les gens heureux lisent et boivent du café.
Un avis revisité
La position vis-à-vis de l’auto-édition évolue. Comme le disait Aurore Menella, directrice du développement des éditions Michel Lafon en 2018 : « Désormais, les éditeurs traditionnels sont plus sereins [par rapport à l’auto-édition]. Ils ont pris conscience que ces deux mondes étaient complémentaires. Près de la moitié de nos romanciers français sont désormais issus de l’auto-édition. »
V. La fabuleuse aventure de l’édition à compte d’éditeur
L’édition à compte d’éditeur n’en demeure pas moins le rêve de la plupart des auteurs. On peut dire qu’elle consacre ce dernier car la valeur de son travail d’écriture est reconnue par une autorité en matière littéraire. Les lecteurs potentiels seront aussi plus enclins à lire le livre. Même si nous voyons que les relations entre auteur et éditeur ne coulent pas forcément de source, il reste de nombreuses maisons qui entretiennent des rapports harmonieux avec les écrivains qu’ils publient. Sauf erreur de ma part, les petites maisons ont conservé un caractère plus humain. Le contrat qui lie les deux parties peut résulter en une belle collaboration.
À ce stade, j’ignore où je me situe par rapport à l’édition à compte d’éditeur. Je publie actuellement mon livre en auto-édition et il s’agit de ma première expérience dans le monde des livres publiés. Les prochains mois me confronteront aux écueils de ce choix. Si l’auto-édition s’avère une réussite, il se peut que je la choisisse pour mon prochain livre.
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